Bonjour, aujourd'hui j'aimerais parler de l'appréciation d'un film et de son
contenu et de pourquoi, d'après moi et dans mon cas, ce sont deux choses très
différentes. J'ai récemment regardé deux fois "Les Enfants Terribles" de
Jean-Pierre Melville, alors, avant de commencer, je tiens à préciser que je ne
méprise pas ce film mais que je ne le considère pas non plus comme un chef
d'oeuvre, juste comme un bon film, une bonne tragédie. Bon, j'ai regardé ce
film une première fois en entier sans rien sauter et j'ai regardé une seconde
fois ce film en sautant les parties qui ressemblaient à une réunion de famille
mal soudée qui attend l'héritage de la grand-mère. Certes, j'ai plus apprécié
le film après l'avoir vu une seconde fois sans les parties particulièrements
agaçantes mais je l'aurais beaucoup moins apprécié si je ne m'étais pas forcé à
regarder ces parties-là en premier temps, la fin aurait eu beaucoup moins
d'impact, elle m'aurait beaucoup moins touché et le déséspoir d'Agathe me
serait passé au dessus de la tête. Mais ce n'est pas pour dire qu'il faut à
tout prix regarder deux fois un film pour plus l'apprécier en sautant les
passages embêtants la seconde fois et ainsi tomber dans une
appréciation artistique d'une bassesse bien plus considérable.
Un second exemple pour différencier un film de son contenu serait mon
visionnage de "35 Rhums" de Claire Denis (qui pour le coup, est un très bon
film) , j'ai regardé ce film en plusieurs morceaux de 30 minutes sur 2 jours,
ce qui m'a aidé à m'imprégner de l'atmosphère du film et de son propos. Et là
également, je pense que je l'aurais beaucoup moins apprécié si je l'avais
regardé d'un coup comme Nuit et brouillard (qui pour le coup, m'a beaucoup
moins marqué malgré un propos bien plus dramatique, grave et important).
Du coup, le fait de regarder ce film en plusieurs fois, même si c'était
probablement contraire aux intentions de l'auteur, m'a permis de mieux
apprécier et digérer le film.
Et pour faire comme avec le film précédent et rester dans un registre sobre et
épuré et faire le lien avec le premier film vu que c'est plus ou moins une
tragédie, mon dernier exemple, "Le ruban blanc" de Michael Haneke, Haneke a
filmé ce film en noir et blanc pour le contexte historique (il se passe juste
avant la première guerre mondiale en Allemagne) et pour qu'il y ait une
séparation et une certaine distance entre le spectateur et les images. Malgré
ça, le film reste assez poignant pour la plupart des spectateurs (si l'on
juge avec les critiques de professionels et de particuliers). Mais, le film
ne m'a pas autant touché que "35 Rhums" malgré le fait que "Le ruban blanc"
soit plus dramatique, et encore une fois, pourtant, je ne l'ai pas regardé avec
des amis en faisant l'idiot, je l'ai regardé normalement entièrement en un coup
en mangeant une petite salade. Mais j'ai été moins réceptif que "35 Rhums" ou
"Les enfants terribles" même si dans le concept, j'aurais dû être plus réceptif
à un film bien filmé, sobre, bien joué avec une bonne intrigue, un bon scénario
et une bonne direction artistique. Et j'ai déjà été moins réceptif à de bons
films, qu'ils soient humoristiques ou sérieux si je les regarde en une fois et,
ça forme une argumentation pour une séparation d'un film et de son
contenu.
Pour ce second argument, plus court que le premier, je vais parler de quelque
chose de très classique et très répété et également très politique. L'auteur et
le film. L'auteur peut gravement ternir la réputation de ses films dans
certains cas, mais, même dans les cas extrême comme Polanski qui a quand même
violé une adolescente, la critique et la polémique ne s'applique pas à tous ces
films, ce qui est étrange. Ça fait quarante ans que c'est connu qu'il a violé
Samantha Geimer mais il n'y a pas eu de grande polémique "Nouveau monde contre
Ancien monde" à la sortie de "La Vénus à la fourrure" même si il a gagné le
César du meilleur réalisateur pour ce film également, et "L'Inconnu du lac" ne
fait quand même pas trop "ancien monde".
Pareil pour les acteurs qui volent l'attention du public, je l'ai vu avec "Le
Daim" et on peut le voir avec n'importe quel film qui a un beau protagoniste
ou une belle protagoniste.
Une accusation peut très bien vous pousser près du précipice comme le montre
le cas Johnny Depp - Amber Heard, toute cette société du cinéma est très
étrange, même les plus grands acteurs peuvent tomber pour des accusations sans
preuves.
Et bien évidemment il y a des gens comme Virgine Despentes qui font des
torchons qui sont illisibles mais qu'ils appellent "tribunes" qui essaient de
parler soit avec un air rebelle, soit avec des grands mots de l'actualité avec
autant de profondeur qu'une feuille A4, et il y a des articles des
journalistes qui travaillent dans de grands journaux qui s'émerveillent qu'une
autrice-provocatrice profite de la polémique pour pondre un navet qui se lit
difficillement même si, on dirait que ça se veut se réclamer de Céline
mais ça finit par se réclamer de Bigard. Alors la polémique a probablement été
aggravée par toutes les larmes versées par Céline Sciamma et Adèle Haenel mais,
toutes ces réactions pour un film supplémentaire parmi tant d'autres qu'il a
réalisés et qui ont été récompensés même après qu'il ait violé Samantha Geimer,
je trouve ça étrange.Ça montre quand même que beaucoup de gens ne tiennent pas
à juger un film qu'avec son contenu. Ce qui sous-entendrait que le film et son
contenu sont deux choses très différentes et choisir d'apprécier un film
seulement grâce à son contenu est à présent une prise de position politique.
Bon, pour conclure, ces deux petits arguments montrent (en tout cas à mon avis) qu'un film et le contenu d'un film sont deux choses très différentes et qu'ils faut être plus attentif quand on parle de son appréciation pour un film ou son contenu au risque de confondre les deux et d'oublier certains facteurs qui peuvent influencer votre jugement. Pour être plus précis et éviter d'être mal compris, je vous conseille de dire que vous appréciez le contenu d'un film au lieu d'apprécier le film, en tous cas pour les films propices à la controverse comme "J'accuse".