Liste de citations

    Le faux choix dans l'abondance spectaculaire, choix qui réside dans la
    juxtaposition de spectacles concurrentiels et solidaires comme dans la
    juxtaposition des rôles (principalement signifiés et portés par des objets)
    qui sont à la fois exclusifs et imbriqués, se développe en lutte de qualités
    fantomatiques destinées à passionner l'adhésion à la trivialité quantitative.
    Ainsi renaissent de fausses oppositions archaïques, des régionalismes ou des
    racismes chargés de transfigurer en supériorité ontologique fantastique la
    vulgarité des places hiérarchiques dans la consommation.

    (62, page 57)

    Les anarchistes, qui se distinguent explicitement de l'ensemble du mouvement
    ouvrier par leur conviction idéologique, vont reproduire entre eux cette
    séparation des compétences, en fournissant un terrain favorable à la domination
    informelle, sur toute organisation anarchiste, des propagandistes et défenseurs
    de leur propre idéologie, spécialistes d'autant plus médiocres en règle
    générale que leur activité intellectuelle se proprose principalement la
    répétition de quelques vérités définitives.

    (93, page 88 - 89)

    Une organisation existant avant le pouvoir des conseils -- elle devra trouver
    en luttant sa propre forme -- pour toutes ces raisons historiques sait déjà
    qu'elle ne représente pas la classe, comme une sépération radicale d'avec le
    monde de la séparation.

    L'organisation révolutionnaire est l'expression cohérente de la théorie de la
    praxis entrant en communication non unilatérale avec les luttes pratiques, en
    devenir vers la théorie pratique. Sa propre pratique est la généralisation de
    la communication et de la cohérence dans ces luttes. Dans le moment
    révolutionnaire de la dissolution de la séparation sociale, cette organisation
    doit reconnaître sa propre dissolution en tant qu'organisation séparée.

    (119 120, page 118)

    Le temps pseudo-cyclique est celui de la consommation de la survie économique
    moderne, la survie augmentée, où le vécu quotidien reste privé de décision et
    soumis, non plus à l'ordre naturel, mais à la pseudo-nature développée dans le
    travail aliéné; et donc ce temps retrouve tout naturellement le vieux rythme
    cyclique qui réglait la survie des sociétés pré-industrielles. Le temps
    pseudo-cyclique à la fois prend appui sur les traces naturelles du temps
    cyclique, et en compose de nouvelles combinaisons homologues : le jour et la
    nuit, le travail et le repos hebdomadaires, le retour des périodes de vacances.

    (150, page 151)

    Le temps pseudo-cyclique consommable est le temps spectaculaire, à la fois
    comme temps de la consommation des images, au sens restreint, et comme image de
    la consommation du temps, dans toute son extension. Le temps de la consommation
    des images, médium de toutes les marchandises, est inséparablement le champ où
    s'exercent pleinement les instruments du spectacle, et le but que ceux-ci
    présentent globalement, comme lieu et comme figure centrale de toutes les
    consommations particulières : on sait que les gains de temps constamment
    recherchés par la société moderne -- qu'il s'agisse de la vitesse des
    transports ou de l'usage des potages en sachet -- se traduisent positivement
    pour la population des États-Unis dans ce fait que la seule contemplation de la
    télévision l'occupe en moyenne entre trois et six heures par jour. L'image
    sociale de la consommation du temps, de son côté, est exclusivement dominée par
    les moments de loisirs et de vacances, moments représentés à distance et
    désirables par postulat, comme toute marchandise spectaculaire.

    (153, page 153)

    La culture est la sphère générale de la connaissance, et des représentations du
    vécu, dans la société historique divisée en classes; ce qui revient à dire
    qu'elle est ce pouvoir de généralisation existant à part, comme division du
    travail intellectuel et travail intellectuel de la division. La culture s'est
    détachée de l'unité de la société du mythe, <<lorsque le pouvoir d'unification
    disparaît de la vie de l'homme et que les contraires perdent leur relation et
    leur interaction vivants et acquièrent l'autonomie...>> (Différence des
    systèmes de Fichte et de Schelling). En gagnant son indépendance, la culture
    commence un mouvement impérialiste d'enrichissement, qui est en même temps le
    déclin de son indépendance. L'histoire qui crée l'autonomie relative de la
    culture, et les illusions idéologiques sur cette autonomie, s'exprime aussi
    comme histoire de la culture.

    (180, page 177)

    Le spectacle est l'idéologie par excellence parce qu'il expose et manifeste
    dans sa plénitude l'essence de toute système idéologique : l'appauvrissement,
    l'asservissement et la négation de la vie réelle. Le spectacle est
    matériellement <<l'expression de la séparation et de l'éloignement
    entre l'homme et l'homme>>. La <<nouvelle puissance de la tromperie>>
    qui s'y est concentrée a sa base dans cette production, par laquelle
    <<avec la masse des objets croît... le nouveau domaine des êtres
    étrangers à qui l'homme est asservi>>. C'est le stade suprême d'une expansion
    qui a retourné le besoin contre la vie. <<Le besoin de l'argent est
    donc le vrai besoin produit par l'économie politique, et le seul besoin qu'elle
    produit>> (Manuscrits économico-philosophiques). Le spectacle étend à toute la
    vie sociale le principe que Hegel, dans la Realphilosophie d'Iéna, conçoit
    comme celui de l'argent; c'est <<la vie de ce qui est mort, se mouvant
    en soi-même>>

    (215, page 205)